Aujourd’hui, j’ai repris les impressions de certains tirages de la série “porosités”. Travail intense à l’atelier…
Ce matin, j’ai imprimé le 2eme exemplaire sur soie des “larmes de Gaïa”, (en utilisant aussi directement des feuilles de tanaisie, eupatoire, fenouil, fougères…)
Le tirage N°2 est brut pour le moment, mais est destiné à être réhaussé de broderies, A minima comme je l’ai fait pour le tirage N°1. Cela ne se voit pas sur la photo! car c’est tout petit…viendront bientôt des photos de détails, pour vous permettre de mieux apprécier!
Cet après-midi, j’ai imprimé 2 exemplaires de la gravure “les mammifères”, cette fois sur papier (le premier tirage, je l’avais imprimé sur soie)
J’avais imprimé le premier sur soie, et ce tirage est exposé en ce moment à St Jean du Doigt ! Exposition “animal” regroupant 30 oeuvres de 30 artistes sur ce thème : Si vous êtes dans le coin, ne loupez pas cette expo!
La plaque s’abîmant très rapidement, ne me laissant pas grand espoir d’en imprimer beaucoup…c’est un assemblage complexe et de grande taille ayant nécessité de nombreuses découpes, fragilisant déjà le support dès le départ…
Les matrices (plaques permettant d’imprimer) que j’ai utilisées sont des pointes sèches gravées sur tetrapack (eh oui, les fameux emballages de jus de fruits, laits, etc). Je grave donc à la pointe directement sur le tetrapack, que je découpe et assemble aussi au gré des projets…
Le gros avantage de ce matériau est sa grande malléabilité, qui permet une grande créativité, et ouvre tout un champ d’exploration fantastique!
Son gros point faible est qu’il est très fragile, donc ne permet que très peu de tirages… C’est un peu frustrant, quand on a passé des heures ou même des jours à graver une plaque! Car parfois au bout de 2 tirages il n’est plus possible de rien en obtenir… Avec plus de chance je parviens parfois à 12 tirages ou plus, mais je dois dire que c’est plutôt rare, surtout lorsqu’elle est découpée autrement qu’en format carré ou rectangulaire, car cela la fragilise d’autant plus…
Avec le tetrapack, impossible donc de prévoir à l’avance le nombre de tirages possible! il faut donc imprimer jusqu’à usure de la plaque, pour pouvoir enfin numéroter les exemplaires…
C’est tout pour aujourd’hui, j’espere que cet article vous a plu.
A bientôt! n’hésitez pas à me laisser vos commentaires ou questions, j’y répondrai avec plaisir!
Cher-e-s ami-e-s, si vous habitez Paris ou non loin, mon film “ROUGE”sera projeté à Paris le 5 Octobre 2018, à l’occasion des 20 ans du Festival des cinémas différents de Paris, à la séance spéciale focus#3 qui débutera à 18h. Je me réjouis beaucoup que mon film soit projeté à cette occasion! Vous viendrez?
●Une séance à la croisée des arts plastiques de la performance, de l’art vidéo, du cinéma expérimental, du documentaire, du film d’artiste, du journal filmé. Des œuvres majeures, des classiques du cinéma, des premiers films, des films (perles) rares.
À partir des années 1950, après les décombres de la guerre, face aux mutations de la société industrielle qui produit et rejette en masse les objets du quotidien, de nombreux artistes réalisent des œuvres qui questionnent ce cycle vertigineux.●
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● Seance Focus#3, de 18h à 20h à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts 14 rue Bonaparte (Paris 6e) ●Entrée libre●
“Rouge” est un film réalisé par Alice Heit en Février 2012. Premier film solo. Récit d’un bouleversement intérieur qui conduit jusqu’à l’intérieur du corps. Le corps n’est pas un lieu séparé du monde, et ici, s’y condensent avec violence certaines des questions redoutables qui se posent aux humains d’aujourd’hui.
Ce film fait partie de la sélection « expériences du regard » aux états généraux du film documentaire de Lussas en 2012. This film has been produced by Alice Heit, february 2013. This is her first solo film. Story of an interior upheaval leading inside the body. The body is not a site separate from the world, and at this point violently focus some of the redoubtable questions facing humans today. « Rouge » belongs ton the « experience du regard » selection during the « etats generaux du film documentaire » in Lussas, France, 2012.
Première mise en bouche ce matin avec les étudiants en BTS du lycée agricole de Suscinio, à Morlaix autour du thème “Porosités”…
“Porosités” est une invitation à s’interroger notre conception occidentale de la nature, de notre environnement, de notre terre. Interroger nos liens, notre place, notre sensibilité, nos imaginaires.
Au Lycée agricole de Suscinio, la nature et le végétal occupent une place importante. L’établissement dispose notamment d’une exploitation biologique expérimentale pratiquant la permaculture et l’agroforesterie. De plus lycéens et étudiants réalisent de nombreux inventaires et chantiers d’aménagement des espaces naturels en lien avec les milieux spécifiques (forêt, landes, tourbières, zones humides…). Le lycée agricole de Suscinio s’intéresse également depuis de nombreuses années aux liens entre l’art et la nature au gré d’une multitude d’ateliers de pratiques artistiques et de résidences d’artistes, en partenariat avec divers acteurs culturels du territoire…
les étudiants seront amenés à s’immerger pendant 2 jours 1/2 dans l’expérimentation autour de cette thématique de “porosités, “en gravure sur Tetrapack… (impression sur presse taille douce avec encres taille douce, sur papier estampe)
Pour ma part, j’entame en parallèle une résidence artistique au sein du lycée, à l’occasion de laquelle je développerai mes propres créations autour de cette thématique;
L’ensemble de nos créations (celles des étudiants ainsi que les miennes) donneront lieu à une exposition au sein des Moyens du Bord à Morlaix en Mai 2018.
Parmi les ressources théoriques proposées aux élèves : le travail de Philippe Descola autour des Indiens Achuar,
Jusqu’à maintenant, dans les rapports entre humains et non-humains, ce sont toujours les humains qui produisent les normes. L’humain est vu comme séparé de la nature et la maîtrisant, la dominant. Nous aurons accompli un grand pas le jour où nous donnerons des droits non plus seulement aux humains mais à des écosystèmes, c’est-à-dire à des collectifs incluant humains et non-humains, donc à des rapports et plus seulement à des êtres…
Les Indiens Achuar montrent qu’une autre relation à la nature est possible. Pour l’anthropologue Philippe Descola, il est temps de penser un monde qui n’exclue pas l’eau, l’air, les animaux, les plantes…
Chez les Indiens Achuar, les plantes sont traitées comme des consanguins (des enfants), alors que les animaux chassés par les hommes sont des beaux-frères. “Voir les Achuar traiter les plantes et les animaux comme des personnes m’a bouleversé : ce que j’ai d’abord considéré comme une croyance était en réalité une manière d’être au monde, qui se combinait avec des savoir-faire techniques, agronomique, botanique, éthologique très élaborés.”
Les Achuar sont animistes : L’animisme est la propension à détecter chez les non-humains – animés ou non animés, c’est-à-dire les oiseaux comme les arbres – une présence, une « âme » si vous voulez, qui permet dans certaines circonstances de communiquer avec eux.
Pour les Achuar, les plantes, les animaux partagent avec nous une « intériorité ». Il est donc possible de communiquer avec eux dans nos rêves ou par des incantations magiques qu’ils chantent mentalement toute la journée. A ceci s’ajoute que chaque catégorie d’être, dans l’animisme, compose son monde en fonction de ses dispositions corporelles : un poisson n’aura pas le même genre de vie qu’un oiseau, un insecte ou un humain. C’est l’association de ces deux caractéristiques, « intériorité » et « dispositions naturelles », qui fondent l’animisme.
Parmi les ressources enrichissant cette approche, je citerais aussi l’écopsychologie présentée ici brièvement avec les mots de Théodore Roszak :
“Comme toutes les formes de psychologie, l’écopsychologie s’intéresse aux origines de la nature humaine et des comportements humains. A la différence des autres écoles traditionnelles de psychologie, qui se limitent aux mécanismes intrapsychiques ou à une sphère sociale étroite n’allant pas au-delà de la famille, l’écopsychologie est sous-tendue par la thèse selon laquelle, à ses niveaux les plus profonds, la psyché reste affectivement reliée à la Terre qui nous a mis au monde. L’écopsychologie suggère que nous pouvons comprendre nos transactions avec l’environnement naturel – la manière dont nous usons ou abusons de la planète – comme des projections de nos besoins et désirs inconscients, de la même façon que nous interprétons les rêves et les hallucinations pour comprendre ce qu’il en est de nos motivations profondes, de nos peurs et de nos haines. »
Et puis….Chamanisme, ethnobotanique, écologie profonde, écoféminisme… les pistes de lectures passionnantes ne manquent pas!
Une émission au sujet de l’écopsychologie par Leili anvar :
Avec le printemps m’est venue une envie d’expérimentation avec les végétaux qui m’entourent et qui m’inspirent, en utilisant directement le végétal comme matériau de création.
Voici le résultat de ma toute première expérimentation de gravure avec impression végétale…rehaussée d’aquarelle et de broderies…
Sur le principe du monotype, j’ai utilisé des plantes fraîches cueillies le jour même, puis j’ai travaillé avec un principe de cache avec un pochoir réalisé dans l’inspiration du moment!
Les plantes : des ombellifères pour les fleurs, et du géranium robert pour les feuilles…
L’usage des plantes fraîches étant assez contraignant à l’impression (sucs, tirage unique) , je me suis lancée dans un herbier séché, pour commencer à travailler les empreintes végétales sur vernis mou…
A suivre donc!
“Immersion végétale”, tirage unique, Alice Heit 2017
“immersion végétale”, monotype rehaussé de broderies
Je serai dimanche 23 Avril au marché des artisans de Lanmeur!
Venez y découvrir ou re-découvrir le”Lotus du Trégor”, “Le bois”, “la déesse aux serpents”… Séries très limitées!
Au plaisir de vous y voir!