“Porosités” à Suscinio : premier retour en images…

Voilà  un petit article pour vous partager un peu l’ambiance de mes derniers ateliers artistiques donnés aux étudiants de BTS du lycée de Suscinio à Morlaix…!

La créativité était au rendez vous! Chaque étudiant a mené son projet personnel de la conception jusqu’à l’impression… Une réjouissante expérience de partage et de création!

Alice Heit-Suscinio88.jpg

Pour la plus grande majorité d’entre eux, il s’agissait là de leur toute première expérience de gravure! Ils ont pu découvrir la pointe sèche, l’utilisation des encres taille douce, apprentissage des techniques d’encrage et d’essuyage, la préparation de fonds unis ou dégradés, ainsi que tout le processus de réalisation d’une estampe depuis le papier vierge et les premiers crayonnés jusqu’à l’oeuvre finale…

Tout cela en un temps record de 2 jours de travail intensif en atelier!

 

Le matériau utilisé pour la réalisation des matrices de gravure est un matériau de récupération : le Tetrapack (récupération de Bricks de lait ou jus de fruits), qui est un matériau très bien adapté aux initiations à la gravure, tout en permettant une réelle qualité de rendu artistique et un moindre investissement financier de départ ! Ce matériau est aussi idéal pour l’expérimentation, les découpes, les superpositions… (ce qui n’est pas le cas de beaucoup d’autres supports) et pour toutes ces raisons, c’est l’un de mes matériaux favoris malgré le fait qu’il ne soit pas un matériau “noble” comme le cuivre. Je trouve que ses qualités et potentialités artistiques sont réelles, souvent méconnues et donc sous estimées …

L’atelier avait pour thème : “Porosités”… l’occasion pour chacune et chacun d’interroger son rapport au vivant dans sa diversité (animaux, végétaux…), et ses points de porosité et d’interconnexion avec l’humain.

Alice Heit-Suscinio75

“Juste avant de partir en vacances, les étudiant.e.s de 2ème année de BTS GPN ont découvert durant deux jours et demi intensifs l’univers de la gravure sur Tétrapack, sous la houlette d’Alice Heit. Ils et elles ont pu laisser libre cours à leur imaginaire créatif qu’ils ont pu nourrir en consultant des ouvrages empruntés notamment à la Médiathèque Les Ailes du Temps pour explorer les “Porosités” entre humain, végétal, animal. Quelques photos de ces ateliers avant de découvrir leurs oeuvres en mai prochain aux Moyens du bord à la Manufacture.” Laurence Mermet, Enseignante au Lycée de Suscinio.

Alice Heit-Suscinio99.jpgAlice Heit-Suscinio95.jpg

Alice Heit-Suscinio91.jpg

Alice Heit-Suscinio04.jpg

Alice Heit-Suscinio01.jpg

Alice Heit-Suscinio05.jpg

Merci à Laurence Mermet pour le reportage photo! 🙂

L’article du Télégramme, le 27 février 2018 :

“Dans le cadre du module d’initiative locale « Connaissances des milieux littoraux et valorisation », les étudiants de deuxième année de BTS Gestion protection de la nature du lycée agricole de Suscinio ont bénéficié, durant deux semaines, d’apports scientifiques et artistiques en lien avec le milieu marin.

Grâce au soutien de la Drac (Direction régionale des affaires culturelles) et du conseil régional de Bretagne, ils ont participé à un atelier de pratique artistique autour de la gravure, sur le thème « Porosités », animé par Alice Heit, artiste pluridisciplinaire, installée à Plouégat-Guérand.


Initiation au langage plastique
Le travail avant impression est réalisé à la pointe sèche sur des plaques issues de matériaux Tétrapack. Ce dispositif permet aux étudiants de s’initier au langage plastique et à un travail artistique basé sur l’exploration des interconnexions entre l’humain et la nature, l’environnement et l’ensemble du vivant. L’artiste leur a proposé de réaliser un ensemble d’estampes retranscrivant cette exploration. Ce travail est aussi en lien évident avec les cours d’agronomie, d’écologie, d’aménagement et d’anthropologie de l’environnement dont bénéficient les étudiants de BTS GPN. Ce projet se fait en partenariat avec l’association d’art contemporain Les Moyens du bord, à Morlaix. Une exposition des travaux des étudiants et de l’artiste aura lieu à la manufacture des tabacs de Morlaix, en mai.”

 

alice-heit-suscinio36.jpg

Alice Heit-Suscinio28

alice-heit-suscinio61.jpg

Alice Heit-Suscinio62

Alice Heit-Suscinio79

Alice Heit-Suscinio93

Alice Heit-Suscinio92

Alice Heit-Suscinio03

Enregistrer

Porosités, entrée en résidence…

Première mise en bouche ce matin avec les étudiants en BTS du lycée agricole de Suscinio, à Morlaix autour du thème “Porosités”…

“Porosités” est une invitation à s’interroger notre conception occidentale de la nature, de notre environnement, de notre terre. Interroger nos liens, notre place, notre sensibilité, nos imaginaires.

Au Lycée agricole de Suscinio, la nature et le végétal occupent une place importante. L’établissement dispose notamment d’une exploitation biologique expérimentale pratiquant la permaculture et l’agroforesterie. De plus lycéens et étudiants réalisent de nombreux inventaires et chantiers d’aménagement des espaces naturels en lien avec les milieux spécifiques (forêt, landes, tourbières, zones humides…). Le lycée agricole de Suscinio s’intéresse également depuis de nombreuses années aux liens entre l’art et la nature au gré d’une multitude d’ateliers de pratiques artistiques et de résidences d’artistes, en partenariat avec divers acteurs culturels du territoire…

les étudiants seront amenés à s’immerger pendant 2 jours 1/2 dans l’expérimentation autour de cette thématique de “porosités, “en gravure sur Tetrapack… (impression sur presse taille douce avec encres taille douce, sur papier estampe)

Pour ma part, j’entame en parallèle une résidence artistique au sein du lycée, à l’occasion de laquelle je développerai mes propres créations autour de cette thématique;

L’ensemble de nos créations (celles des étudiants ainsi que les miennes) donneront lieu à une exposition au sein des Moyens du Bord à Morlaix en Mai 2018.

de seve et de sang2
“de sève et de sang”, tirage unique rehaussé d’aquarelle.  Alice Heit Février 2018
graines:alice heit
photographie couleur rehaussée à l’encre, Alice Heit.
gravure-immersion-végétale-alice-heit
“immersion végétale” tirage unique rehaussé d’aquarelle et de broderies. Alice Heit 2017.
gravure "sparkling flower", Alice Heit 2017.
“Sparkling flower”, Alice Heit 2017. gravure à la pointe sèche rehaussée d’aquarelle et de feuille de cuivre doré.
"Ronds de sorcières", pointe sèche sur cuivre, Alice Heit.
le collier magique, pointe sèche sur cuivre, collection personnelle. Alice Heit.
"cette sève qui nous unit", pointe sèche sur cuivre, Alice Heit.
“cette sève qui nous unit” collection personnelle, Alice Heit. pointe sèche sur cuivre.
Alice heit carantec239
Plan de travail/atelier Tetrapack

 

Parmi les ressources théoriques proposées aux élèves : le travail de Philippe Descola autour des Indiens Achuar,

Jusqu’à maintenant, dans les rapports entre humains et non-humains, ce sont toujours les humains qui produisent les normes. L’humain est vu comme séparé de la nature et la maîtrisant, la dominant. Nous aurons accompli un grand pas le jour où nous donnerons des droits non plus seulement aux humains mais à des écosystèmes, c’est-à-dire à des collectifs incluant humains et non-humains, donc à des rapports et plus seulement à des êtres…

Les Indiens Achuar montrent qu’une autre relation à la nature est possible. Pour l’anthropologue Philippe Descola, il est temps de penser un monde qui n’exclue pas l’eau, l’air, les animaux, les plantes…

Chez les Indiens Achuar, les plantes sont traitées comme des consanguins (des enfants), alors que les animaux chassés par les hommes sont des beaux-frères. “Voir les Achuar traiter les plantes et les animaux comme des personnes m’a bouleversé : ce que j’ai d’abord considéré comme une croyance était en réalité une manière d’être au monde, qui se combinait avec des savoir-faire techniques, agronomique, botanique, éthologique très élaborés.”

Les Achuar sont animistes : L’animisme est la propension à détecter chez les non-humains – animés ou non animés, c’est-à-dire les oiseaux comme les arbres – une présence, une « âme » si vous voulez, qui permet dans certaines circonstances de communiquer avec eux.

Pour les Achuar, les plantes, les animaux partagent avec nous une « intériorité ». Il est donc possible de communiquer avec eux dans nos rêves ou par des incantations magiques qu’ils chantent mentalement toute la journée. A ceci s’ajoute que chaque catégorie d’être, dans l’animisme, compose son monde en fonction de ses dispositions corporelles : un poisson n’aura pas le même genre de vie qu’un oiseau, un insecte ou un humain. C’est l’association de ces deux caractéristiques, « intériorité » et « dispositions naturelles », qui fondent l’animisme.

Parmi les ressources enrichissant cette approche, je citerais aussi l’écopsychologie présentée ici brièvement avec les mots de Théodore Roszak :

 “Comme toutes les formes de psychologie, l’écopsychologie s’intéresse aux origines de la nature humaine et des comportements humains. A la différence des autres écoles traditionnelles de psychologie, qui se limitent aux mécanismes intrapsychiques ou à une sphère sociale étroite n’allant pas au-delà de la famille, l’écopsychologie est sous-tendue par la thèse selon laquelle, à ses niveaux les plus profonds, la psyché reste affectivement reliée à la Terre qui nous a mis au monde. L’écopsychologie suggère que nous pouvons comprendre nos transactions avec l’environnement naturel – la manière dont nous usons ou abusons de la planète – comme des projections de nos besoins et désirs inconscients, de la même façon que nous interprétons les rêves et les hallucinations pour comprendre ce qu’il en est de nos motivations profondes, de nos peurs et de nos haines. »

Et puis….Chamanisme, ethnobotanique, écologie profonde, écoféminisme… les pistes de lectures passionnantes ne manquent pas!

Une émission au sujet de l’écopsychologie par Leili anvar :

https://www.franceculture.fr/emissions/les-racines-du-ciel/l-ecopsychologie

A suivre!

 

 

Enregistrer