Le textile au Japon

Dans le cadre de ma troisième année d’études à l’ANAT, je suis partie en 2004 au Japon à la rencontre d’artistes et d’artisans textiles…

Il existe encore de nombreux artisans textiles qui continuent à pratiquer des techniques traditionnelles fascinantes et bien souvent liées à la fabrication de kimonos.

J’ai pu visiter plusieurs ateliers de teinturiers à Kyoto. J’ai découvert la technique du Yuzen, qui est une technique de teinture utilisant des réserves faites avec une pâte de riz. Avec cette pâte, on peut dessiner à la main, ou bien l’appliquer à l’aide de pochoirs en papier découpé. (Chaque papier découpé correspond à une couleur)
Découper ces pochoirs est un métier à part entière qui demande de longues années d’expérience. Leur finesse et leur beauté laissent sans voix…

À Kyoto, un quartier entier de la vieille ville est spécialisé dans le tissage Jacquard de kimonos et Obis (ceintures) brochés, aux motifs infiniment complexes, et utilisant de nombreuses couleurs. J’ai pu visiter plusieurs de ces ateliers, et rencontrer en particulier le tisserand Yamaguchi Yasujiro, âgé de 97 ans (!) et  renommé pour ses splendides tissages de kimonos pour le théâtre NO, qu’il conçoit entièrement lui même avant de les tisser à la main. Sa joie de vivre et sa passion pour son métier sont communicatifs et restent un merveilleux souvenir !

A Kyoto, j’ai pu aussi rencontrer un vieil artisan qui réalisait des tresses en soie pour les ceintures de Kimono… Il les réalisait entièrement à la main ! Il est renommé pour la perfection de sa technique et de ses tresses qui demandent un savoir-faire exceptionnel. Et tout cela avec un matériel en bois pourtant si rudimentaire !

Près de la petite ville d’Inae, il y a une école ouverte à tous qui propose des cours de tissage, de teinture…afin de réaliser son propre kimono. Il s’agit d’un petit hameau de maisons en bois traditionnelles en pleine campagne, avec un jardin pour cultiver l’indigo, le coton, le Ramie et les vers à soie, une pièce pour les teintures naturelles (indigo), et un atelier de tissage.
J’ai pu mieux comprendre la technique complexe de l’Ikat, très utilisée dans cet atelier. Avec la technique de l’Ikat, ce sont les fils qui sont teints, avant tissage, en utilisant une autre technique de nouage avant teinture.

J’ai rencontré Chie Otani, puis Katsuji Yamade, deux artistes utilisant la technique du Rozome. Cette technique de teinture est très répandue au Japon, et utilise des réserves de cire appliquée au pinceau. A la différence de la technique indonésienne du Batik, le Rozome ne recherche pas d’effets de
« craquelures ». Il permet d’obtenir toutes sortes de dégradés, des effets de matières subtils et une infinité de couleurs dans un même tissu. Chie Otani m’a donné des cours particuliers sur cette technique, me permettant de réaliser plusieurs teintures sur soie. J’ai pu aussi visiter l’école textile où elle enseigne, à Nara, et rencontrer professeurs et élèves. J’ai beaucoup appris, mais J’ai surtout été très impressionnée par ses œuvres éblouissantes, tant au niveau des couleurs que du dessin, et de la parfaite maîtrise technique !

J’ai visité également l’entreprise textile TATSUMURA, connue pour son étude de tissus anciens (Chine et Japon), qu’elle a ensuite réactualisés et dont certains sont maintenant à nouveau tissés selon des techniques plus modernes. Cette entreprise a mis au point un étonnant tissu imitant la technique traditionnelle du Shibori et en la réinterprétant dans un tissage en trois dimensions.

La découverte des tissus japonais s’est faite sur les marchés de Kyoto, parmi les merveilleux étalages de kimonos, ainsi que dans les nombreuses boutiques et musées textiles de la ville.

Un voyage riche en enseignements et débordant de merveilles !